L'Andalousie et le Maroc
Autheur : Namir Mostafa
L'Andalousie et le Maroc
La conquête et la présence marocaine en Andalousie (XIᵉ – XIIIᵉ siècle)
L’histoire du Maroc et de l’Andalousie est intimement liée. Dès le XIᵉ siècle, le royaume marocain joue un rôle décisif dans la défense et la reconstruction d’Al-Andalus, région musulmane de la péninsule Ibérique menacée par la Reconquista chrétienne. Sous les dynasties almoravide et almohade, le Maroc devient le protecteur et le cœur politique du monde andalou.
L’appel des rois andalous aux Almoravides
Au XIᵉ siècle, après la chute du califat de Cordoue, l’Andalousie musulmane se morcelle en petits royaumes appelés taïfas. Ces principautés, affaiblies par leurs rivalités, peinent à résister à l’avancée des royaumes chrétiens du nord. Face à la menace du roi Alphonse VI de Castille, les rois andalous font appel à l’émir marocain Youssef Ibn Tachfine, chef des Almoravides.
En 1086, Youssef Ibn Tachfine traverse le détroit de Gibraltar avec son armée et remporte la célèbre bataille de Zallaqa (près de Badajoz). Cette victoire retentissante sauve Al-Andalus et marque le début de la domination marocaine sur la péninsule ibérique musulmane.
L’unification d’Al-Andalus sous l’autorité marocaine
Après Zallaqa, les Almoravides reviennent plusieurs fois en Andalousie. En 1090, Youssef Ibn Tachfine décide d’unifier les royaumes andalous sous une seule autorité pour éviter la division. Il annexe les principales villes : Séville, Grenade, Cordoue, Malaga et Almería. L’Andalousie devient alors une province de l’empire almoravide dont la capitale est à Marrakech.
Sous le règne almoravide, Al-Andalus connaît une période de stabilité, d’unité religieuse et de prospérité. Les érudits, les juristes et les poètes andalous trouvent refuge au Maroc, créant une véritable symbiose culturelle entre les deux rives du détroit.
Les Almohades : l’âge d’or du Maroc andalou
Au milieu du XIIᵉ siècle, les Almohades succèdent aux Almoravides et rétablissent la puissance du Maroc sur les deux rives. Leur empire s’étend du Maghreb jusqu’à l’Andalousie. Sous le calife Abd al-Moumin puis Yaacoub al-Mansour, Marrakech et Séville deviennent les deux capitales d’un empire unique, unissant l’Afrique et l’Europe musulmane.
En 1195, les troupes marocaines remportent la bataille d’Alarcos, infligeant une lourde défaite à l’armée chrétienne. Yaacoub al-Mansour fait de Séville un joyau architectural, y construisant la célèbre Giralda, autrefois minaret de la grande mosquée almohade.
Le déclin et la fin de l’ère andalouse
Après la défaite des Almohades à Las Navas de Tolosa en 1212, la présence musulmane en Espagne commence à reculer. Les Mérinides marocains tenteront à leur tour de soutenir le royaume de Grenade, dernier bastion musulman d’Al-Andalus, mais sans succès durable.
En 1492, avec la chute de Grenade, Al-Andalus s’éteint. Des milliers de réfugiés andalous, savants, artisans et familles entières traversent la mer et trouvent refuge au Maroc, où ils marquent profondément la culture, l’architecture et la musique andalouse qui perdurent encore aujourd’hui.
"De Marrakech à Séville, l’empire du Maroc porta la lumière d’Al-Andalus et fit rayonner l’islam, la science et les arts sur les deux rives de la Méditerranée."
La conquête d’Al-Andalus par le Maroc n’était pas une simple expansion militaire : elle fut l’expression d’une civilisation unie par la foi, la connaissance et la culture — un pont éternel entre l’Afrique et l’Europe.