Les réfugiés de 1934
Autheur : Sofia Mitouali
Les réfugiés de 1934
Les réfugiés algériens au Maroc (1934 - 1962)
L’histoire du Maroc et de l’Algérie a toujours été étroitement liée — non seulement par la géographie, la culture et la foi, mais aussi par une solidarité humaine profonde. Dès 1934, alors que l’Algérie subissait la domination coloniale française et les conséquences de la misère rurale et des répressions, le Maroc devint une terre d’accueil pour de nombreux réfugiés algériens fuyant la pauvreté, la répression ou la guerre.
Le contexte des années 1930
En 1934, le sud-ouest algérien, notamment la région de Tindouf et des hauts plateaux, connaît de graves crises économiques et climatiques. La colonisation française aggrave la situation en spoliant les terres, marginalisant les tribus nomades et détruisant l’équilibre social traditionnel. Beaucoup d’Algériens, notamment des familles arabes et berbères, choisissent alors de traverser la frontière pour se réfugier au Maroc oriental : Oujda, Figuig, Bouarfa et Boulemane deviennent leurs nouveaux foyers.
Le peuple marocain, malgré la pauvreté coloniale, fit preuve d’une hospitalité fraternelle. Les réfugiés algériens y trouvèrent du travail dans les mines, l’agriculture et parfois dans les chantiers de chemin de fer construits par les Français.
Une solidarité maghrébine
À travers ces migrations, une solidarité naturelle entre Marocains et Algériens se renforce. Les tribus des deux côtés de la frontière partagent la langue, la foi, les coutumes et souvent des liens familiaux. Cette fraternité s’exprime aussi par le soutien mutuel face au colonialisme français.
Des foyers d’entraide voient le jour dans plusieurs villes marocaines. Les zaouïas, les mosquées et les notables locaux accueillent et protègent les réfugiés, leur permettant de reconstruire leur vie dans la dignité.
Le rôle du Maroc pendant la guerre d’Algérie (1954 - 1962)
Lorsque éclate la guerre d’indépendance algérienne en 1954, le Maroc devient une base arrière essentielle pour les moudjahidine du FLN. Des milliers de combattants et de civils algériens trouvent refuge dans les villes marocaines, où ils bénéficient du soutien logistique et moral de la population.
Après l’indépendance du Maroc en 1956, le roi Mohammed V autorise discrètement le passage d’armes et l’entraînement des résistants algériens. Les régions de Oujda, Berkane et Nador deviennent des zones stratégiques de la lutte pour la libération de l’Algérie.
Le roi Mohammed V marque aussi l’histoire diplomatique mondiale en prononçant à l’Organisation des Nations Unies le premier discours en langue arabe, plaidant avec force en faveur de la cause algérienne et de la libération des peuples colonisés. Ce geste historique fait du Maroc la voix des nations arabes et africaines dans la lutte pour l’indépendance.
Après 1962 : fraternité et mémoire partagée
En 1962, à la proclamation de l’indépendance de l’Algérie, le Maroc célèbre la victoire du peuple frère. Beaucoup d’anciens réfugiés choisissent de rentrer dans leur pays, tandis que d’autres restent au Maroc, intégrés depuis plusieurs générations. Le Maroc conserve ainsi une mémoire vivante de cette fraternité partagée.
À travers cette histoire, le Maroc démontre une fois de plus son rôle d’abri et de soutien pour les peuples opprimés, fidèle à ses valeurs de solidarité, d’hospitalité et de dignité humaine.
"En 1934 comme en 1954, le Maroc n’a jamais fermé ses portes à ses frères d’Algérie. Le discours de Mohammed V à l’ONU a fait résonner la voix de toute l’Afrique pour la liberté."
L’accueil des réfugiés algériens et le soutien du Maroc à leur cause d’indépendance illustrent l’unité historique du Maghreb et la fidélité du Royaume à ses valeurs de liberté et de justice.